Introduction
En 1936, Hans Selye [ présentation sur wikipedia ] a élaboré sa théorie du stress en observant les animaux confrontés à des facteurs stressants tels que le froid, la maladie, les frustrations…
Les réponses physiologiques observées en situation face à ces facteurs stressants étaient assez semblables, et plus particulièrement les types suivants : atrophie des glandes surrénales, apparition de ganglions, ulcères gastro-intestinaux…
Selye comparait notre cerveau à une banque munie d’un système d’alarme et reliée à un poste de police. Quel que soit le mode d’effraction pour pénétrer dans cette banque, l’alarme est déclenchée et entraîne l’intervention de la police.
Essai de définition
D’après Soly Bensabat, élève de Hans Selye, le stress est le « résultat spécifique de toute demande imposée au corps, que l’effet soit mental ou somatique » ; c’est une réponse de l’organisme à un stimulus en vue de lutter contre la perturbation qu’il a entraînée.
Le stimulus peut être :
- de nature physique : un coup, une douleur, une blessure mais aussi un baiser, une caresse (ah, quand même !) ;
- de nature psychologique : une contrainte, une anxiété, une injustice, un décès ;
- de nature émotionnelle : une peur ou un coup de foudre, une joie ;
- de nature sensorielle : le froid, le bruit, un éclair ou une musique, un parfum, une douceur.
Que la stimulation soit positive – vous venez de gagnez le gros lot au Loto – ou négative – une annonce d’augmentation d’impôt –, la réponse biologique de votre organisme sera du même type.
Par exemple, vous pouvez faire un infarctus pour l’un ou l’autre cas (pas de chance !).
On appelle cette réaction le « syndrome général d’adaptation » (SGA), selon Hans Selye.
Plus le stress est grand, plus le SGA est important.
Notons que le mot “stress” dérive du latin “stringere” qui signifie “étreindre”. Le stress est ressenti lorsqu’un déséquilibre est perçu entre ce qui est exigé de la personne, notamment les contraintes imposées par son environnement professionnel, et les ressources dont elle dispose pour répondre à ces exigences.
Description du syndrome général d’adaptation (SGA)
Le SGA est un phénomène évolutif en trois phases.
> Première phase ou phase d’alarme
C’est le stress qui sauve.
L’organisme va se mobiliser pour faire face à cette agression inattendue. Il va assurer la survie.
À la suite d’expériences en laboratoire, on constate à l’autopsie que les rats qui sont restés soumis à une basse température pendant 48 heures présentent plusieurs anomalies, dont l’atrophie des glandes surrénales, des ulcères de l’estomac et une atrophie du thymus et des ganglions.
L’exemple de Julie : Julie, infirmière en service de cardiologie, entend le scope d’un de ses patients qui sonne. Elle se précipite dans la chambre.
Elle a le cœur qui s’accélère et elle a un « coup de chaud ». Elle est prête à réagir.
> Deuxième phase ou phase de résistance
C’est le stress qui use.
L’organisme va mettre en place des mécanismes d’autorégulation pour l’aider à se défendre. Tant que l’agression persiste, l’organisme résiste grâce à des modifications sanguines, hormonales et biochimiques.
Lorsque le stress dure, nous nous adaptons, nous n’y faisons plus attention ; en revanche, le corps continue à enregistrer les agressions.
Tant que l’agression persiste, l’organisme résiste par un jeu complexe de modifications métaboliques et de sécrétions hormonales excessives.
Comme un moteur en surchauffe, les fonctions naturelles s’emballent.
Les organes souffrent et, si cette phase de résistance se prolonge, on peut constater des lésions au cœur ou à l’estomac. D’autres symptômes, comme une baisse sensible des défenses immunitaires, peuvent apparaître, et l’individu va être plus souvent enrhumé, voire grippé, c’est-à-dire devenir la cible privilégiée de germes en tous genres. Des problèmes articulaires ou dermatologiques peuvent également apparaître.
Reprenons l’expérience du laboratoire : si l’on baisse progressivement la température, on constate que, après une phase d’amaigrissement, les animaux restent vivants et reprennent même du poids ! Ainsi, leur organisme s’est adapté.
On observe une adaptation équivalente chez l’homme qui développe de son côté une résistance au stress.
L’exemple de Robert et Patrick : Robert et Patrick travaillent ensemble. Robert passe son temps à faire des reproches à Patrick. Patrick choisit de ne rien dire. Au bout de plusieurs mois, Patrick pense ne plus faire attention à Robert.
Cependant, il a tendance à s’énerver pour un rien, sa tension a augmenté.
> Troisième phase
C’est la phase d’épuisement, ou le stress qui tue.
L’individu va craquer. Il est particulièrement épuisé, abandonné par ses forces physiques, biologiques et psychologiques. Il n’en peut plus. Il ne peut plus faire face.
C’est la phase terminale de la lutte que l’homme engage contre le stress. Maladies graves, voire cachexie terminale [ définition sur wikipedia ], peuvent alors survenir. Les contrariétés quotidiennes, les frustrations sournoises constituent des petits stress qui n’ont l’air de rien mais qui empoisonnent notre vie et sont bien plus dangereux que des coups du sort.
En définitive, il est plus épuisant et dangereux de souffrir de manière incessante, ce qui fait penser à une cuisson à petit feu, que de souffrir « un bon coup ».
Mais revenons à notre expérience de laboratoire : si on laisse les rats dans l’environnement glacial pendant plusieurs mois, on constate que leur capacité de résistance diminue. Leurs facultés de résistance sont épuisées. Ils finissent par mourir.
L’exemple de Philippe : Philippe, infirmier, travaille de nuit dans un service de médecine de 30 lits. Depuis plus d’un an, il devait assurer les soins dans le service de Soins de Suite et de Réadaptation (10 lits), juxtaposé à son service, suite à l’absence répétitive de sa collègue, non remplacée. Dans les premiers temps, Philippe s’est adapté à cette situation en travaillant en collaboration avec l’aide-soignante du service du SSR. Ses réactions neurophysiologiques au stress et ses ressources personnelles lui ont permis tout d’abord de s’adapter et d’agir.
Cependant, dans la durée, l’augmentation de ses responsabilités, de la surcharge de travail, la pression donc de l’environnement ont amené Philippe à « craquer ». Il est en dépression depuis 2 mois.