Le programme national nutrition santé (PNNS) recommande de boire 1,5 litre d'eau par jour, sauf si les besoins sont augmentés (chaleur, fièvre, petit appétit, sensation de soif défaillante notamment) (1). Il est communément admis que boire suffisamment permet d'être bien hydraté et que c'est nécessaire pour être en bonne santé. Mais il est possible de boire beaucoup et d'être déshydraté; l'hyperhydratation représente même un risque pour la santé (2). En outre, les reins ont besoin de repos. Du coup, on peut se demander quels sont les principes à suivre pour une hydratation optimale.

1 – L'hydratation: Le rôle de l'eau dans le corps

A. Composition du corps

De la même façon que les mers et océans occupent environ 70 % de la surface du globe terrestre, le corps est composé d’environ 70 % d’eau. Ce pourcentage peut varier en fonction de l’âge (par exemple, les enfants contiennent plus d’eau que les adultes) et du mode de vie.

L’eau est nécessaire pour de nombreuses fonctions physiologiques. On peut citer les exemples suivants :

elle entre dans la composition des cellules et de nombreux tissus, notamment conjonctifs (exs.: le sang, les cartilages), et permet leur mobilité ;

elle permet la circulation de ce que l’on appelle en naturopathie les humeurs : le sang, la lymphe et les liquides extra- et intracellulaires (autour et dans les cellules) ;

elle joue un rôle majeur dans la détoxination de l’organisme, ou si vous préférez le nettoyage interne de votre corps. Elle permet l’évacuation de l’urine, des selles, de la sueur et, pour les femmes, des règles ; toutes ces substances emportent avec elles de nombreuses toxines. Enfin, dans l’air expiré par les poumons, il y a également, en plus des gaz non utilisés par le corps, dont le gaz carbonique, de l’eau sous forme de vapeur d’eau.

B. Problèmes liés à un manque d’eau dans le corps

Du coup, une insuffisance de l’eau dans le corps peut se traduire par de nombreuses difficultés : fatigue, constipation, urine très foncée et peu abondante, peau et bouche sèches, etc. Cela peut aller jusqu’à des nausées, des vomissements, de la diarrhée et des crampes abdominales. Si l’on pince la peau d’une personne (par exemple, sur le bras) et que le pli reste marqué quelques instants quand on relâche, c’est un signe de déshydratation.

Une forte soif peut aussi provenir d’un besoin important de diluer des toxines, souvent d’origine alimentaire (par exemple après un gros repas lourd à digérer et bien « arrosé » d’alcool).

La déshydratation relève de la perturbation du signal ou de l’écoute du signal que constitue la soif. Nous sommes en effet habitués à ne pas nous écouter et à boire insuffisamment… ou sans soif.

C. Problèmes liés à un excès d’eau dans le corps

Pourtant, le capitaine Haddock, ami de Tintin, avait bien raison d’utiliser « boit-sans-soif » comme une insulte ! 😉 Si nous n’avons pas soif, c’est que nous n’avons pas besoin de boire et l’hyperhydratation est également risquée. Elle peut même conduire à un coma hydraulique en cas d’ingestion de grandes quantités d’eau en un court laps de temps (3). Elle peut se traduire par une grande fatigue, des maux de tête et des vomissements.

De plus, une des missions des reins est de réguler le volume sanguin ; si ce dernier est trop grand, cela peut se traduire par de l’hypertension : le volume de liquide dans les vaisseaux sanguins est trop important et crée une pression trop élevée. C’est pour éviter cela que les reins retiennent l’eau excédentaire lors du filtrage du sang, notamment grâce au sodium, et la rejettent sous forme d’urine.

Des urines claires dès le matin indiquent que les reins ne rejettent pratiquement que de l’eau, alors qu’une autre de leurs missions est de filtrer le sang pour en éliminer les déchets et toxines. Boire de l’eau, éliminer de l’eau, voilà un jeu à somme nulle qui fatigue les reins inutilement. Si les reins filtrent correctement le sang, cela donne une urine jaune vif, contenant de l’eau et des déchets ; si elle a tendance à s’éclaircir dans la journée, cela peut être le signe d’une consommation excessive d’eau ou de liquide, ou / et de fatigue rénale.

Si les reins filtrent mal le sang, cela peut entraîner, selon les personnes et leur vitalité, des problèmes de peau (eczéma, psoriasis, éruptions diverses de boutons) ; la peau prend le relais pour éliminer ce que les reins et intestins n’arrivent plus à évacuer.

Un autre problème lié à un excès d’eau dans le corps est la dilution excessive dans le sang, puis la perte de sels minéraux, conduisant notamment à un déséquilibre du taux de sodium dans le sang. En éliminant l’eau en excès, les reins rejettent au passage des sels minéraux dont le corps a besoin. Si les apports par l’alimentation sont insuffisants, et l’excès d’eau chronique, on peut assister à une déminéralisation.

Or, les sels minéraux sont importants pour renouveler les cellules mortes des organes et tissus (rôle plastique) et comme catalyseurs de nombreuses réactions chimiques (ex. : le potassium est nécessaire au fonctionnement du cœur et des muscles).

Ils permettent également de fixer l’eau dans les tissus. C’est pourquoi si l’apport de sels minéraux est insuffisant, et l’apport d’eau excessif, il peut y avoir aussi, paradoxalement, déshydratation.

2 –Comment assurer une bonne hydratation de son organisme

Pour commencer, il convient de revenir au ressenti de la soif : c’est le signal prévu par la nature pour nous indiquer qu’il est nécessaire de renouveler une partie de l’eau de l’organisme. Le fait que certaines personnes âgées ressentent moins la soif pourrait indiquer un besoin de repos de leurs reins. De la même façon que manger en permanence fatigue le système digestif, boire du lever au coucher, même sans soif, fatigue les reins.

Le jeûne sec (ni boisson ni nourriture) sur une demi-journée (par exemple, le matin) à un jour est une très bonne méthode pour leur procurer du repos. Il s’agit de s’abstenir de manger et boire pendant quelques heures ou une journée (4). C’est sans danger pour la plupart des gens, si on est à l’écoute de sa soif, et encore plus si l’on en profite pour se reposer. Vous pouvez attendre d’avoir soif pour boire, tout simplement. Cela reposera vos reins et vous permettra de reprendre contact avec votre sensation de soif. En cas de doute, parlez-en à une personne compétente en santé naturelle.

Toute boisson contenant de l’alcool contribue à déshydrater l’organisme, et ce dès la première gorgée. En effet, les reins produisent plus d’urine pour l’éliminer, ce qui conduit à rejeter plus d’eau qu’il n’y en avait dans la boisson absorbée (5) et favorise, comme on l’a vu, la déshydratation et la déminéralisation.

De plus, et contrairement à une idée reçue banale en France, l’alcool est mauvais pour la santé, même en petite quantité. Une étude sur la charge mondiale de morbidité liée à l’alcool publiée le 24 août 2018 par le journal britannique « The Lancet » a montré que le seul niveau de consommation d’alcool protecteur pour la santé est de… 0 gramme. Un seul verre d’alcool quotidien pendant un an augmente le risque de développer l’un des 23 problèmes de santé liés à l’alcool par rapport aux non-buveurs, ce qui, au niveau de l’ensemble du monde, correspondrait à 100 000 morts supplémentaires par an.

Boire un peu d’alcool de temps en temps, si l’on est en bonne santé et conscient que ce n’est pas bon pour la santé, ne pose pas de problème, mais une consommation quotidienne, même en petite quantité, est mauvaise pour la santé. Mieux vaut réserver ces boissons, si l’on y tient, à des occasions spéciales, et éviter de les boire au quotidien.

Concernant l’eau de boisson à conseiller (en cas de soif !), l’idéal est une eau légèrement acide (elle nettoiera mieux les cellules), et avec un niveau faible (mais non nul) de sels minéraux (cf. la mention « résidus à sec » sur les bouteilles ; il est bon qu’il soit inférieur à 150 mg / litre). 

La qualité de l’eau du robinet peut varier d’une région à l’autre mais la présence de soude pour l’alcaliniser et de divers produits toxiques pour l’aseptiser (chlore, aluminium, etc.), sans oublier les nombreuses traces de médicaments, contraceptifs et microbilles de plastique non filtrées par la plupart des stations d’épuration, la rend peu recommandable.

Ce sujet mériterait un article à lui seul mais disons que l’installation d’un osmoseur ou d’un filtre à céramique (6) représente un bon investissement. A défaut, et c’est la solution que j’ai choisie pour le moment, une carafe filtrante au charbon actif peut éliminer une bonne partie des substances indésirables contenues dans l’eau du robinet. Il convient de bien respecter les instructions d’usage du fabricant, notamment sur la régularité du renouvellement de la cartouche de charbon actif.

Enfin, manger une bonne quantité de fruits et légumes crus, si possible biologiques et locaux, ou boire leur jus, permet de profiter de la meilleure eau possible pour l’organisme, avec les sels minéraux qui sont garants, on l’a vu, d’une bonne hydratation. C’est aussi pour cette raison qu’il faut au moins deux tiers de légumes dans les jus à l’extracteur, les légumes étant les plus riches en sels minéraux.

Dans ce cas, les recommandations officielles peuvent être invalides : il est inutile de boire 1,5 litre d’eau par jour si l’on mange beaucoup de crudités et que l’on n’a ni soif, ni aucun symptôme lié à la déshydratation. La « règle » du litre et demi d’eau par jour pour tout le monde s’adresse aux mangeurs de l’alimentation traditionnelle (7), qui contient de nombreuses toxines que l’organisme a besoin de diluer…avec de l’eau.

En conclusion

Pour bien s’hydrater, il convient d’écouter sa soif et de mettre en place une hygiène de vie globale.

Dans cette perspective, la teneur en sels minéraux de l’alimentation est au moins aussi importante que l’absorption d’eau.

Références

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Mathias Gomez
27 septembre 2019 12h01

Merci pour ce billet !
Très intéressant.