Je vous vois venir : il ne s’agit pas de la génétique des épis de blé 😉 Même sans formation initiale dans le domaine de la biologie, cela vaut vraiment le coup de se pencher sur cette branche de la biologie, car elle nous fait approcher d’un peu plus près le mystère de la vie…

1 - Quelques rudiments de génétique pour les citoyens (y compris non spécialistes en biologie)

Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai jamais été une flèche en biologie, au collège. Je garde notamment un souvenir dégoûté d’un certain cours où une pauvre grenouille morte nous a servi de « matériau » d’étude…

L’étude de la naturopathie m’a réconciliée avec cette discipline passionnante : quand il s’agit du fonctionnement et de l’organisation des êtres vivants, tout me fascine et m’émerveille.

Vous avez peut-être entendu parler du moine et botaniste autrichien Gregor Mendel (1822 -1884) et de ses expériences sur les petits pois, qui l’ont conduit à énoncer trois lois concernant les principes de l’hérédité biologique.

Wikipédia nous apprend que : « La redécouverte des lois de Mendel en 1900, puis leur combinaison avec la découverte des chromosomes, considérés comme le support physique de l’hérédité, est à l’origine de la fondation de la génétique formelle au début du XXème siècle. » (1)

Dans les chromosomes, on trouve notamment l’’acide désoxyribonucléique ou ADN, qui est « une macromolécule biologique présente dans toutes les cellules. L’ADN contient toute l’information génétique, appelée génome, permettant le développement, le fonctionnement et la reproduction des êtres vivants (…) Les molécules d’ADN des cellules vivantes sont formées de deux brins antiparallèles enroulés l’un autour de l’autre pour former une double hélice. » (2)

Cela est généralement représenté comme sur cette image à droite :

Tous les gènes présents dans notre patrimoine génétique ne s’activent pas ; certains sont des gènes « dormants », qui n’expriment pas la caractéristique dont ils sont porteurs (3). Les cellules ont toutes le même génome (c’est-à-dire le même « portefeuille » de gènes), mais certains ne s’expriment que dans certaines cellules (appartenant par exemple à un organe précis), ou à certains moments de la vie, ou encore si certaines conditions sont remplies. Et c’est ce qu’étudie l’épigénétique.

En 1942, Conrad Waddington, un généticien anglais, a introduit le terme « épigénétique » pour étudier le lien entre le génotype (c’est-à-dire l’ensemble des gènes) et le phénotype (l’ensemble des caractères exprimés).

Prenons un exemple : les gènes qui conduisent à la pilosité des zones génitales et des aisselles sont déjà présents dès la naissance chez le bébé, fille ou garçon ; ils ne commencent à s’exprimer, c’est-à-dire à produire leur effet spécifique, qu’à la puberté.

C’est pourquoi les bébés ne sont pas poilus. Bien vu, la Nature, non ? 😉

2 – Pourquoi l’épigénétique l’emporte sur la génétique

A. LES GÈNES S’EXPRIMENT DANS UN ENVIRONNEMENT DONNÉ

Le docteur Bruce Lipton, figure de la nouvelle biologie, qui prône le rapprochement de la science et de la spiritualité, a étudié les conditions d’expression des gènes et de l’ADN dans les cellules vivantes.

Il a établi scientifiquement que notre environnement au sens large (alimentation, air respiré, mode de vie sédentaire ou non, sommeil, etc.) et nos croyances influençaient notre santé, notamment en favorisant ou inhibant la production de certaines hormones comme la sérotonine, la dopamine et l’ocytocine, associées au bien-être.

A l’inverse, les toxines, les pensées négatives, les champs électromagnétiques, etc. déclenchent la sécrétion de l’hormone de stress (le cortisol), adaptée sur une courte période mais délétère si la situation se prolonge des jours, des semaines, voire des mois ou des années. Cette hormone sécrétée sur des périodes trop longues, en plus de perturber certains processus métaboliques comme la digestion, influence de façon négative l’expression des gènes, favorisant l’expression de ceux qui posent problème (porteurs d’une maladie, par exemple), et entravant celle des gènes qui participent à notre santé au quotidien.

B. De ce fait, l’épigénétique l’emporte sur la génétique

L’épigénétique est au-dessus de la génétique. « Épi » signifie au-dessus, car un épi surmonte la tige de la plante. De la même façon, l’architecte, au-dessus de son plan, prend les décisions qui permettront de lui donner vie.

Bruce Lipton explique (4) que l’ADN constitue un plan pour notre être ; ce plan est personnalisé mais comme tous les plans, ne se matérialise pas tout seul : c’est l’architecte qui choisit d’activer tel ou tel gène, et pas tel autre, puisque certains sont « allumés » et d’autres « éteints ».

La découverte majeure de l’épigénétique est que l’expression de l’ADN peut être modifiée par notre mode de vie au sens large.

« On sait aujourd’hui que les gènes peuvent être « allumés » ou « éteints » par plusieurs types de modifications chimiques qui ne changent pas la séquence de l’ADN, comme des méthylations de l’ADN et des modifications des histones, ces protéines sur lesquelles s’enroule l’ADN (…). Si le chromosome est la bande magnétique d’une cassette et que chaque gène correspond à une piste enregistrée sur la bande, les modifications épigénétiques sont des morceaux de ruban adhésif repositionnables qui vont masquer ou démasquer certaines pistes, les rendant illisibles ou lisibles. » (5)

Cela conduit à ce que certains gènes s’expriment, et produisent leurs effets spécifiques, et d’autres non. Les modifications qui « masquent des pistes » sont appelées méthylation de l’ADN et des histones. A l’inverse, d’autres molécules stimulent l’expression des gènes, et l’on parle alors d’acétylation des histones.

Des études scientifiques ont établi ces effets en étudiant des paires de vrais jumeaux, dont le patrimoine génétique à la naissance est identique, dans des environnements et modes de vie différents. L’un pouvait alors devenir obèse, et l’autre non, ou développer différentes maladies, et l’autre non.

« Une étude danoise portant sur plus d’un million de femmes a montré que le fait d’être confrontée à la maladie ou au décès d’un proche, juste avant ou pendant la grossesse, augmentait de 67% le risque de schizophrénie chez l’enfant à naître… Les personnes qui ont subi de grands traumatismes dans l’enfance sont globalement davantage sujettes à la dépression, à la toxicomanie, à l’autisme, aux troubles bipolaires, aux comportements asociaux, mais aussi à l’obésité, au diabète et aux maladies cardiovasculaires (Jirtle & Lipton). » (6)

Heureusement, cela marche dans les deux sens : expression ou réduction au silence de certains gènes.

En conclusion

La génétique n’est pas un destin… vertigineux, non ?

En modifiant notre alimentation, notre niveau d’activité physique, nos habitudes de sommeil, et même la façon dont nous voyons la vie, nous modifions, non pas nos gènes, mais la façon dont ils s’expriment (ou non) dans notre organisme. Et cela peut faire une énorme différence.

Ce que je retiens pour ma part de l’épigénétique est qu’il n’y a aucune fatalité en matière de santé, seulement des choix à faire…

Références

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