La nourriture est omniprésente dans les sociétés occidentales : affiches et spots publicitaires, restaurants, cafés, vitrines des boutiques des « métiers de bouche », distributeurs de boissons et de friandises, etc. Par ailleurs, elle occupe l’espace mental de beaucoup d’entre nous du matin au soir, avec notamment cette pratique des trois repas par jour… Ce rythme est-il vraiment recommandable ? La nourriture est-elle si importante pour justifier cette omniprésence dans nos espaces et nos vies ? Qu'en pense la naturopathie ? C'est la chronique de Nathalie Mathieu.

Les autorités publiques, notamment médicales, accréditent l’idée qu’il est nécessaire de faire tous les jours trois repas (1). Deux éléments conduisent à un doute raisonnable sur cette affirmation :

1 – L’explosion des maladies dites chroniques (insuffisance cardiaque, atteinte respiratoire chronique, diabète de type 2, etc.) et dégénératives (cancers, maladies de Parkinson et d’Alzheimer, etc.) ;

2 – Les bienfaits du jeûne : présent dans de nombreuses traditions spirituelles et laïques, c’est un outil majeur de la naturopathie, ses bienfaits sont maintenant solidement établis (5).

1 - L'explosion des maladies chroniques et dégénératives

Elles concerneraient en France 20 millions de personnes, soit presqu’un tiers de la population. Au niveau mondial, en incluant des pays dont la situation démographique est à l’opposé de l’Occident vieillissant, ce n’est guère mieux. « Entre 1980 et 2014, le nombre de diabétiques est passé de 108 à 422 millions, affirme l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Quatorze millions de personnes sont par ailleurs touchées chaque année par un cancer, un chiffre qui devrait augmenter de 70 % dans les deux prochaines décennies, craint l’organisation onusienne. »(2)

Il est convenu d’attribuer ces évolutions au vieillissement des populations de la plupart des pays occidentaux. Examinons les faits.

En France, selon l’INSEE, de 1995 à 2015, soit en vingt ans, l’espérance de vie des femmes a progressé de 3,1 ans (pour arriver à 85 ans) et celle des hommes de 5,1 ans (pour arriver à 78,9 ans) (3). En France toujours, au 1er janvier 2016, le nombre de plus de 65 ans s’élevait ainsi à environ 12,5 millions de personnes (4), et tous ne sont pas atteints (heureusement !) d’une maladie chronique ou dégénérative, ce qui permet de mettre en perspective le nombre de malades chroniques (plus de 20 millions) ; visiblement, les moins de 65 ans sont aussi concernés, c’est mathématique…

L’explication de l’explosion des maladies chroniques par la justification du vieillissement de la population me paraît, à la lumière de ces chiffres, peu crédible.

Pour ma part, je suis tentée d’incriminer le mode de vie occidental qui, en plus du stress, des pollutions (air, eau, bruit), de la sédentarité et du manque de sommeil, implique une alimentation souvent pléthorique, riche en macronutriments (protéines, lipides et glucides) et pauvre en micronutriments (vitamines, sels minéraux, oligo-éléments, enzymes, etc.).

2 - Le jeûne

Lors du jeûne, le corps se nettoie et récupère, en utilisant l’énergie habituellement utilisée pour la digestion des aliments (de 20 à 50 % selon la difficulté de la digestion : un fruit cru se digère plus facilement qu’un hamburger ou un plat en sauce, par exemple ; c’est pour ça qu’après un gros repas, on a juste envie de dormir…). Les cellules malades sont aussi utilisées pour fournir de l’énergie, et leurs débris sont éliminés, d’où les effets bénéfiques sur la santé et les effets rajeunissants.

Et ce « médecin intérieur » est à l’intérieur de vous ! Il n’est certes pas remboursé par la sécurité sociale, mais il ne vous présente aucune facture ! 😉

De la même façon, le fait qu’on puisse vivre en jeûne sur d’assez longues périodes (on peut compter en semaines, voire en mois), indique que le corps humain dispose généralement de bonnes ressources, même si on n’a pas de surpoids au début du jeûne. Il convient naturellement de nuancer cette affirmation en fonction de l’état de santé de la personne considérée ; il est par exemple fortement déconseillé de faire des jeûnes dépassant un ou deux jours si l’on est épuisé (cf. nombreux « burnout »). Il faut d’abord faire remonter l’énergie vitale en berne. Et de façon générale, un jeûne long (au-delà de quelques jours) doit être préparé et accompagné par un professionnel compétent ; c’est le cas aussi en cas de pathologie lourde (comme l’épuisement chronique), même en cas de jeûne court.

Par ailleurs, je sais d’expérience, comme de nombreuses autres personnes, qu’on peut vivre très bien avec un ou deux repas par jour, ce qui correspond à la pratique du jeûne intermittent. Pour ma part, cela fait plus de cinq ans maintenant que je ne prends plus de petit déjeuner et m’en porte à merveille.

Explosion des maladies chroniques et dégénératives dans les pays occidentaux disproportionnée par rapport aux évolutions démographiques (et notamment au vieillissement de la population) et bienfaits avérés du jeûne me font pour ma part sérieusement douter de la véracité des affirmations officielles sur la nécessité de trois repas par jour.

Les autres nourritures

De plus, la nourriture n’est pas que ce qu’on met dans notre bouche. Un certain nombre d’éléments contribuent autant, voire plus, à la vie humaine, et à sa qualité :

  • l’oxygène est nécessaire, entre autres, pour assimiler les nutriments ; les mitochondries, centrales énergétiques des cellules, transforment les nutriments issus de la digestion en énergie directement utilisable par l’organisme. Elles ont besoin d’oxygène pour cela. C’est pourquoi il est bon de passer au moins une heure par jour dehors et d’aérer quotidiennement les espaces de vie et de travail, même en hiver. Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé publié en 2015, le nombre de morts par pollution de l’air atteindrait environ 7 millions / an dans le monde, dont près de 600 000 en Europe (6). Ça ne veut pas dire qu’il faut se calfeutrer à l’intérieur, où l’air peut être encore plus pollué que dehors (7). L’air du dehors reste irremplaçable.
  • le soleil nous nourrit ; il permet, c’est bien connu, à notre peau de synthétiser la vitamine D, si précieuse, entre autres, pour nos systèmes osseux et immunitaire. Il améliore aussi l’humeur (tout le monde est plus souriant quand il fait beau !), la vue, la résistance au stress, etc. (8)
  • les relations humaines nous nourrissent peut-être encore plus. Au XIIIème siècle, Frédéric II de Hohenstaufen fit une expérience pour savoir quelle langue parleraient « naturellement » des bébés : il en fit élever six dans l’isolement, sans que la parole leur soit adressée ou que de l’affection leur soit témoignée. Les six bébés moururent (9).

Quand on passe un bon moment avec une ou des personnes qu’on apprécie, cela peut aussi calmer l’appétit de nourriture physique, voire faire « oublier » complètement de manger, comme si l’on était nourri autrement. J’en ai déjà fait l’expérience, et vous ?

Plus largement, ne peut-on pas dire que la beauté, la nature et les arts de toutes les sortes nous nourrissent, nous aident à trouver un sens à notre vie, à revenir à l’essentiel et à alimenter les relations importantes pour nous ? Et il y a sans doute bien d’autres choses aussi, cette liste n’est pas exhaustive. Qu’y ajouteriez-vous ?

En conclusion

Pour conclure, je pense que ce qui nourrit la vie est bien plus vaste que la seule nourriture physique. La nourriture physique est peut-être nécessaire, mais en tout état de cause, pas suffisante. Par ailleurs, l’omniprésence de la nourriture dans nos sociétés occidentales a des effets contrastés, j’aurai bientôt l’occasion d’y revenir.

Références

Partager sur Facebook
Partager sur LinkedIn
0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires